Les caractères à barbes

 

ésumé d’un article du livre de Hervé Denis « LE PARLÉ MATELOT » 

et du chapitre sur les caractères à barbes de ARVAG tome 1.

Elément essentiel de la décoration des bateaux de pêche bretons, l’alphabet à barbes est sur bon nombre de nos misainiers. Cela fait parfois de la peine, lors de la restauration, d’enlever le bordé sur lequel est gravée l’immatriculation du bateau. Il est étonnant de voir comment les anciens pêcheurs ont su donner un aspect artistique à des chiffres et des lettres, dont la fonction première était purement administrative.

 

 

près lectures d’articles sur la question, l’explication de cette imagination débordante pour le graphisme des immatriculations a visiblement suscité divers avis dont je vais me faire l’écho. 

 

ertains approuvent la thèse que cet alphabet avait créé pour maquiller certains chiffres comme le 1, 4, 7 notamment qui étaient considérés comme « non pêchants » parce que trop droits et raide dans leur écriture. Le règlement étant ce qu’il est, les affaires maritimes n’entraient pas dans ce genre de considérations, et le maquillage des chiffres avait été la solution trouvée pour conjurer le mauvais sort.

 

ette théorie totalement réfutée par d’autres qui considèrent que l’alphabet à barbe a été créé dans un but purement esthétique. Néanmoins, il est étonnant de voir comme dans certains ports de pêche, des chiffres ont été privilégiés par rapport à d’autres (au Guilvinec et à Douarnenez les numéros pairs suscitaient de la méfiance).

 

insi, les premiers « stylistes » ont peut-être voulu conjurer un mauvais sort et au fil des ans la raison purement esthétique a pris toute son importance et c’est imposé. Cette explication, je l’espère, réconciliera tout le monde. Géographiquement, l’alphabet à barbe semble être apparu à Douarnenez pour se répandre sur la côte entre Brest et l’île d’Yeu, parfois en Manche et même dans d’autres ports non bretons de la façade atlantique.

 

e style est relativement récent, il s’est développé à la fin du 19e siècle et surtout après la Première Guerre mondiale. 

 

 

Je joins à cet article quelques exemples afin que nous puissions nous en inspirer pour décorer nos misainiers et, qui sait, peut-être faire évoluer le style !

 

En avant l’imagination !!

Pierre Drouet - Article paru  dans la revue La Misaine  n° 16 - février 1994